Par Mark Halsall
Cory Gerrard est un producteur de pommes de terre de 33 ans à Rod Swenson Farms, une exploitation agricole de la quatrième génération de Westham Island, dans la municipalité de Delta, en Colombie-Britannique. M. Gerrard a épousé une fille de la famille Swenson et dirige les opérations avec sa conjointe, son beau-frère et son beau-père, mais la vie agricole ne lui est certainement pas étrangère.
« Je suis né en plein dedans », a déclaré M. Gerrard. « J’ai pratiqué l’agriculture presque toute ma vie. »
La ferme Rod Swenson Farms comprend plusieurs centaines d’acres dans le delta fertile du fleuve Fraser où elle produit des pommes de terre en rotation à tous les trois ans avec l’orge et le blé. On y fait également d’autres cultures, par exemple la citrouille et le maïs.
La ferme ne se trouve qu’à 20 minutes du centre-ville de Vancouver et, comme M. Gerrard peut l’attester, l’agriculture aux confins de la banlieue de la troisième plus grande ville du Canada pose des défis uniques.
Le plus important est la compression omniprésente des terres que ressentent les agriculteurs dans la réserve des terres agricoles (RTA) dont une grande partie est située dans l’étalement urbain du Grand Vancouver. Un marché de l’immobilier en effervescence et une pénurie importante de terrains résidentiels et industriels ont poussé des spéculateurs immobiliers à acheter des terres de la RTA dans l’espoir de pouvoir un jour les transformer en quelque chose d’autre que des terres agricoles.
En conséquence, la situation est devenue très difficile pour des agriculteurs comme M. Gerrard qui veulent étendre leurs opérations. « Nous avons connu encore plus de difficultés à tenter de trouver des terres par ici », a-t-il déclaré.
M. Gerrard note que des entreprises s’inquiètent elles aussi de la possibilité de perdre certains terrains qu’elles cultivent déjà. La ferme Rod Swenson Farms loue environ 200 acres de terres agricoles de la municipalité de Delta du gouvernement provincial dans une zone réservée pour l’agrandissement possible du port et les discussions se sont intensifiées au cours des dernières années pour qu’on réalise enfin cet agrandissement.
Malgré tout cela, la ferme Rod Swenson Farms a été en mesure d’augmenter sa superficie récemment, mais non de la façon dont vous pourriez l’imaginer. Il y a six ans, elle s’était aventurée plus loin dans la vallée du Fraser et avait ajouté 40 acres de terres agricoles dans le secteur d’Abbotsford. Puis, il y a deux ans, elle est allée encore plus loin dans la région centrale intérieure de la Colombie- Britannique où elle a acheté 250 acres près de la ville de Kamloops. La pomme de terre constitue la culture principale dans les trois secteurs de production.
M. Gerrard dit que l’exploitation de Kamloops produisait auparavant de la luzerne de sorte qu’il y a eu un ajustement pour transformer l’exploitation agricole en vue de la production de pommes de terre. « Nous avons fait face à une courbe d’apprentissage très abrupte. C’est complètement différent de ce à quoi nous étions habitués à Delta, avec le climat et le type de sol », a-t-il expliqué.
M. Gerrard souligne que la réduction du risque commercial était sous-jacente à la décision d’accroître les opérations au-delà de la ferme originale.
Cory Gerrard de la ferme Rod Swenson Farms. Photo : Rod Swenson Farms.« Notre idée de départ était que l’agrandissement dans des endroits différents diminuerait les risques pendant que nous allions de l’avant », a-t-il déclaré. « Je pense que cela sera certainement quelque chose de très positif pour nous ».
Par exemple, les champs de pommes de terre à Abbotsford ont un sol plus léger qu’à Delta. Ceci nous permet de planter les pommes de terre quelques semaines plus tôt au printemps, ce qui nous aide à étaler la production pour la ferme Rod Swenson Farms. De plus, la ferme a finalement réussi à acheter sa propriété dans le secteur de Kamloops à un prix beaucoup moins élevé que si elle avait dû investir dans une exploitation agricole comparable dans la vallée du bas Fraser.
Le gouvernement canadien offre plusieurs programmes de gestion du risque d’entreprise (GRE) qui visent à protéger les agriculteurs contre différents types de pertes de revenus et de production. Le Conseil canadien de l’horticulture (CCH) défend les intérêts des producteurs de fruits et légumes afin d’assurer l’efficacité maximale des programmes de GRE, par exemple Agristabilité, Agri-investissement, Agri-relance et Agri-protection.
M. Gerrard note que sa ferme a profité des programmes de GRE dans le passé, mais il reconnaît qu’il n’y a pas vraiment de mesure dans le programme actuel de gestion du risque d’entreprise qui aide les producteurs dans une situation de pénurie de terres comme celle-ci, du moins pas encore.
« Je ne sais pas vraiment comment cela fonctionnerait ou même comment cela pourrait fonctionner », a-t-il déclaré.
La ferme Rod Swenson Farms s’étend peut-être vers l’extérieur dans différents endroits, mais M. Gerrard continue de jeter un regard positif sur la ferme familiale d’origine à Delta.
M. Gerrard mentionne la grande proximité de la ferme d’un immense marché urbain et de la popularité croissante des produits locaux auprès des consommateurs de la région de Vancouver comme étant des choses qu’elle possède et qui lui sont favorables. « Je crois qu’il y a un avenir prometteur », a-t-il indiqué.