À la fin de la semaine dernière, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), une division de Santé Canada, a publié ses décisions finales relatives aux réévaluations de trois insecticides de la famille des néonicotonoïdes : la clothianidine (Clutch), l’imidaclopride (Admire) et le thiaméthoxame (Cruiser, Actara) sur les pollinisateurs.

Santé Canada a déterminé que l’homologation continue des produits contenant de l’imidaclopride, de la chlothanidine ou du thiaméthoxame est acceptable; toutefois, certaines utilisations ont été annulées pour tenir compte des risques pour les pollinisateurs. Plusieurs utilisations qui seront proscrites affectent les producteurs canadiens de fruits et de légumes.

Les abeilles et autres pollinisateurs sont vitaux pour la production des fruits et légumes au Canada et les producteurs sont intimement au courant de la nécessité de protéger leurs pollinisateurs et de leur relation mutuellement bénéfique. C’est pourquoi les producteurs ne prennent pas de décisions qui seraient dommageables pour leurs pollinisateurs. Comme organisation, le Conseil canadien de l’horticulture travaillera avec ses membres pour soutenir les agriculteurs pendant cette étape de transition découlant de ces décisions finales attendues depuis longtemps.

L’ARLA a effectué une évaluation scientifique rigoureuse et a tenu compte des vrais risques d’exposition tels que l’attrait pour les pollinisateurs de plantes. C’est pourquoi la plupart des utilisations sur les cultures non attirantes comme les légumes-racines et les légumes-tubercules (y compris les pommes de terre), les légumes à feuilles de type brassica, les légumes à feuilles et les légumes de serre (intérieur) ne sont pas changées. L’utilisation continue pour tous les traitements de semence est aussi approuvée.

Plusieurs utilisations de l’imidaclopride, du thiaméthoxame et de la clothianidine sont modifiées ou abandonnées de façon à réduire les risques pour les pollinisateurs pendant la floraison à cause de la nature systémique des produits chimiques. À ce titre, plusieurs utilisations importantes pour l’horticulture ont été annulées ou restreintes, notamment :

  • Annulation de la plupart des applications foliaires avant la floraison  
  • Annulation des applications foliaires aux fruits à pépins ou à noyau, aux fraises et à certaines noix  
  • Annulation des applications au sol sur les baies, les légumes-fruits, les cucurbitacées et les légumineuses  
  • Horaire modifié d’application sur les pommes de terre, les baies, les noix, les légumes-fruits, les cucurbitacées et les légumineuses

L’ARLA a inclus un tableau de l’atténuation pour les pollinisateurs qui est un guide de référence rapide pour permettre aux producteurs de voir les changements qui se produiront et la façon dont les changements affecteront leurs cultures.  

Les interdictions et modifications aux étiquettes entreront en vigueur au cours des deux années à venir. Toutefois, l’ARLA reconnaît le manque d’alternatives pour certains ravageurs, comme la punaise diabolique, le hanneton européen, la chrysomèle du concombre, les cicadelles (sur les baies) et les charançons (charançon noir de la vigne, charançon de la canneberge, charançon de la racine du fraisier). L’utilisation des néonicotinoïdes pour régler ces problèmes sérieux liés aux ravageurs est permise pendant une année supplémentaire avant l’entrée en vigueur de l’interdiction afin de trouver des alternatives qui fonctionnent.

Même si ces décisions finales ont un impact considérable sur plusieurs utilisations horticoles des insecticides néonicotinoïdes, il y a deux autres rondes de décisions finales qui seront prises en 2019-2020 – la réévaluation générale de l’imidaclopride et les examens spéciaux de la clothianidine et du thiaméthoxame sur les invertébrés aquatiques. Tous ces examens et toutes ces décisions sont pris indépendamment les uns des autres. Le CCH continuera de surveiller les progrès des réévaluations et décisions de l’ARLA.

Entre-temps, le Conseil canadien de l’horticulture encourage fortement le gouvernement à consentir des ressources additionnelles à l’ARLA pour la réglementation des pesticides, une recommandation que le Comité consultatif sur la lutte antiparasitaire du gouvernement a faite à répétition au cours des dernières années. De plus, l’ARLA a besoin de plus de données pour comprendre les modèles actuels d’utilisation des outils de protection des cultures, basées sur les cultures canadiennes, le climat et les étiquettes, un dossier que le CCH soutient avec énergie pour assurer que le gouvernement fédéral travaille à travers les ministères de l’Administration fédérale pour collecter et partager les données sur l’utilisation des pesticides.

Avec des ressources adéquates, l’ARLA pourra livrer le système réglementaire crédible et efficace nécessaire pour maintenir un secteur agricole rigoureux, prévenir les risques inacceptables pour la santé humaine et l’environnement et conserver la confiance du public.