Article et photos de Jeff Tribe
Felena Pereira vit sa vie en fonction de la philosophie personnelle suivante : pour avoir du succès, il faut toujours essayer et toujours acquérir de l’expérience. « Cela signifie : n’ayez pas peur de participer à la joute » explique la résidante de Tabaquite, Trinidad et participante au Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) depuis six ans à l’exploitation Schuyler Farms Limited près de Simcoe, Ontario. « Ce pourrait être ta chance de te démarquer. »
Felena est tout d’abord entrée dans le bassin de talents de travailleurs internationaux en 2013, motivée par la fin d’un contrat avec le ministère du Logement de Trinidad et la rareté d’emplois alternatifs au pays.
Elle dit : « Je n’avais jamais su que des femmes faisaient partie du programme, » en admettant qu’elle pensait que les travailleurs retenus étaient des hommes mexicains et jamaïcains. Découvrant que ce n’était pas le cas, elle a été accueillie comme partie intégrante de la minorité de femmes en constante augmentation qui travaillent à l’exploitation Schuyler Frams, une exploitation familiale depuis plusieurs générations.
« Pourquoi pas les femmes? » répond Brett Schuyler, agriculteur et propriétaire, c’est une question rhétorique. Il veut des personnes qui sont prêtes à travailler et qui ont le souci de ce qu’ils font, peu importe leur sexe. « J’ai de la misère à faire tout un plat avec cela. » « Parce que ce n’est pas tout un plat, » intervient la femme de Brett, Carrie.
De gauche à droit : Rencontrez Carrie, Emma, et Brett Schuyler, une partie de la famille qui s’occupe de Schuyler Farms Limited à Simcoe, Ontario.En 2018, les Schuyler Farms ont retenu les services de 150 employés internationaux et parmi ces employés, 24 sont des femmes.
« Et cela augmente chaque année, » dit Brett.
Il a entendu des commentaires affirmant qu’il y aurait des problèmes si on mélangeait les travailleurs masculins et féminins.
« Cela ajoute une plus dynamique plus intéressante, » explique Carrie, en soulignant qu’une mixité est mieux qu’un ensemble composé d’hommes seulement.
Brett ajoute : « Il y a des réalités physiques, mais les tâches courantes de la ferme, comme tailler des arbres ou récolter des pommes, la possibilité de se démarquer est égale, » dit Brett.
Les logements pour les travailleurs des Schuyler Farms sont organisés tant pour les hommes que pour les femmes. « Nous avons sept logements, dont un pour les femmes, » dit Brett.
Le premier vol d’avion de Felena a été la partie la plus terrifiante pour une nouvelle recrue du programme qui s’envolait vers un endroit, duquel elle s’était fait toute une image « de sa beauté naturelle, des chutes Niagara, du sirop d’érable et de la diversité. » Elle a commencé à travailler dans les champs à tailler les arbres et à récolter des pommes. « C’était tout un changement de venir sur une ferme, » dit Felena. « Mais j’ai aimé cela dès le début. »
Felena Pereira, de Trinidad-et-Tobago, adore le travail qu’elle fait ici.Felena n’avait pas envisagé que le programme serait une ‘chose continuelle’, mais elle y a trouvé un incitatif financier puissant. « On voit l’argent dans notre compte de banque—suivi de zéros, » explique Felena en riant. « Lorsque j’apporte l’argent à la maison, je peux faire beaucoup de choses. »
En tête de la liste des personnes à aider sont sa fille de 13 ans, Jolie Marie et son fils de 10 ans, Alessio. La plus jeune de onze enfants, Felena soutient aussi sa mère Medula et d’autres membres de sa famille. Être loin d’eux pour aller travailler est difficile, surtout quand la famille se rencontre pour un pelau (du poulet, des pois et des légumes), de la salade de choux, une tarte au macaroni et des patates douces, ces dernières étant les préférées de Felena.
« Personne n’est forcé d’être ici. Nous choisissons de le faire parce que c’est une façon de sortir de la pauvreté et du chômage. »
Elle se considère chanceuse d’être employée de Schuyler Farms, en l’appelant une option « de cinq étoiles », avec un hébergement de qualité, le respect et surtout—le wifi, qui permet les contacts réguliers avec sa famille.
« Je parle à ma famille tous les jours. C’est très reconfortant, » dit Felena.
Felena aime l’excursion annuelle de Schuyler à Niagara Falls et se réjouit d’assister au Carnival à venir de Simcoe qui célèbre les travailleurs internationaux dans la communauté.
« Après le travail, le reste de notre journée nous appartient, » dit-elle.
Tamica Courtney, une des 24 travailleuses agricoles internationales chez Schuyler Farms Limited.Pereira sait que les premières travailleuses internationales ont été embauchées dans des serres en Alberta. Le froid est correct, selon elle, mais pas trop froid. À part les quelques rares flocons de neige, elle préfère être en plein air et travailler en compagnie de ses collègues hommes et femmes.
« Nous devons être aussi robustes que les gars à cause du travail. Nous nous tenons debout et nous faisons ce qui doit être fait. Ce n’est pas une compétition, mais je suis très fière de moi parce que je fais les mêmes tâches que les gars et je suis certaine que les autres femmes se sentent comme cela aussi. C’est une expérience très plaisante— c’est pourquoi j’y reviens, et j’encourage les gens à l’essayer. Je pense que cela fonctionne pour beaucoup de gens, et oui, cela fonctionne pour moi. »