Une étude de recherche de cinq ans sur le PVY aide les cultivateurs de pommes de terre à développer de nouvelles tactiques pour lutter contre les nouvelles souches dangereuses du virus.

Par Mark Halsall

Un des phytovirus les plus anciens connus au monde, le virus Y de la pomme de terre (Potato Virus Y) (PVY) est contrôlé par les producteurs commerciaux de pommes de terre à des niveaux variés de succès depuis plusieurs décennies. Tout comme d’autres nations productrices de pommes de terre, le Canada est maintenant aux prises avec de nouvelles souches plus agressives de PVY qui se propagent à un rythme plus rapide, ce qui représente des défis à surmonter pour contrôler la maladie.

Propagé pendant la saison des récoltes par des pucerons, le PVY peut aussi être transmis par des lots de semences infectés et par des voies mécaniques comme les pratiques après le labourage. En réalité, ce sont des ensembles de nombreuses souches et des variantes génétiquement distinctes à l’intérieur de ces souches. Au cours des dernières années, les populations de PVY au Canada et autour du monde sont passées rapidement de la souche traditionnelle PVYO à de nouvelles souches recombinantes.

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Mathuresh Singh, directeur des Services de certification agricole pour Pommes de terre Nouveau-Brunswick est aussi le chef de projet pour une importante étude de recherche sur l’élaboration de stratégies plus efficaces pour gérer le PVY. Le Conseil canadien de l’horticulture (CCH) coordonne le projet quinquennal, qui est financé par la Grappe agroscientifique canadienne pour l’horticulture 2 et les partenaires de l’industrie de la pomme de terre. Il est prévu que la recherche se terminera l’année prochaine.

« Le CCH joue un rôle très important » dit M. Singh, en ajoutant que l’organisation agit comme lien entre les chercheurs et les organismes de financement et qui aide aussi à diffuser les constatations du projet aux groupes de producteurs dans différentes provinces.

Selon M. Singh, l’étude a mené à de meilleures connaissances sur les trois principales souches de PVY au Canada—le PVYO et les souches plus nouvelles, le PVYN:O et le PVYNTN—ainsi que sur leur incidence sur les variétés commerciales de pommes de terre. La recherche a aussi identifié les meilleures pratiques de gestion (MPG) pour réduire la propagation du PVY.

L’étude a confirmé que des souches plus nécrotiques du PVY supplantent le PVYO dans plusieurs provinces importantes de production de pommes de terre au Canada, comme on l’a aussi observé dans d’autres régions de production de pommes de terre autour du monde. Les symptômes nécrotiques font que les tubercules forment des anneaux. M. Singh explique que « la situation entraîne des pertes sur le plan de la récolte ainsi que des pertes de qualité. »

Les chercheurs ont aussi catalogué les impacts de chacune des souches de PVY sur 27 variétés commerciales importantes de pommes de terre, et prévoient augmenter ce total à 30 d’ici la fin 2017.

Parmi ces dernières, figure la variété Russet Burbank, la principale pomme de terre de transformation au Canada. La variété est très susceptible au PVY, mais en général, affiche seulement des symptômes foliaires, selon M. Singh. « Nous n’avons trouvé de symptômes de tubercules dans aucun de nos dépistages de la variété Russet Burbank, mais nous avons noté une certaine perte au niveau de la récolte, » ajoute-t-il. « La maladie réduit la vigueur des plants et cela entraîne une production moins élevée de tubercules. »

Comme M. Singh le souligne, la recherche aide à expliquer la raison pour laquelle le PVY continue d’être problématique pour les producteurs.

Ainsi, pour plusieurs variétés, les nouvelles souches manifestent des symptômes distincts et en général cryptiques en comparaison du PVYO. Donc explique M. Singh, des activités d’épuration pour enlever manuellement les plants infectés du champ pendant la saison de croissance sont souvent moins fructueuses tout comme les sont les techniques traditionnelles de certification de semences comme l’inspection visuelle et la pousse d’échantillons de semences en hiver en comparaison des essais en laboratoire sur les tubercules après la récolte.

La recherche démontre aussi la preuve de plus en plus concluante que l’efficacité de la transmission est plus élevée pour ces souches recombinantes que pour le PVYO.

M. Singh ajoute que la hausse rapide du PVYNTN est particulièrement inquiétante et non seulement à cause de son taux élevé de transmission. La plupart des cultivars de pommes de terre affectés par cette souche manifestent quand même des symptômes foliaires légers ou pas de symptôme foliaire, explique-t-il, mais pour trois variétés vulnérables (Yukon Gold, AC Chaleur et Envol), il peut causer des lésions tuberculées nécrotiques qui peuvent rendre la l’ensemble de la récolte impossible à commercialiser.

scientists dans un champs

Les traitements de dépistage pour réduire la transmission du PVY des plants infectés connus (marqueurs rose) au plants libres du virus (marqueurs orange). Les bols jaunes suspendus sont des trappes de pucerons pour surveiller les espèces et les vecteurs de PVY tout au long de la saison. M. Singh est photographié en avant-plan. Photo : Tyler MacKenzie ACS.

Singh note que l’étude a réussi à identifier un certain nombre de variétés commerciales, comme Innovator et Monticello, qui sont moins vulnérables aux nouvelles souches de PVY en termes de symptômes visibles et de perte de récolte de tubercules. L’étude a aussi noté que deux variétés, Eva et Musica semblent résister à l’infection par toutes les souches du virus.

L’étude a aussi révélé un certain nombre de meilleures pratiques de gestion (MPG) pour les producteurs, qui impliquent la vaporisation d’une combinaison d’huile minérale et d’insecticide pour agir afin de minimiser la propagation du PVY dans les fermes de plants de pommes de terre de semence (l’application par vaporisateur d’huile minérale n’est pas permise dans les opérations de transformation des pommes de terre). La vaporisation fréquente d’huile minérale qui commence tôt et qui se poursuit tout au long de la saison, suppléée fréquemment par des insecticides dans le cadre d’une vaporisation simultanée, a démontré le plus grand potentiel.

Selon M. Singh, les programmes de vaporisation ont fait l’objet d’essais par l’entremise d’expériences de terrain rigoureusement contrôlées et reproduites en 2014 et 2015 au Nouveau-Brunswick et en 2015 et 2016, au Manitoba. Les résultats des essais sur le PVY ont récemment été publiés dans l’American Journal of Potato Research et ils ont aussi été largement présentés à de nombreuses conférences sur la pomme de terre et réunions de producteurs au Canada et aux États-Unis.

« Nos essais ont été menés sur deux saisons de récolte et deux régions très différentes de culture de la pomme de terre au Canada. Toutefois, les résultats et les recommandations de ces essais concordent et devraient donc être généralement applicables à travers le pays », confirme M. Singh.

Une recommandation clé pour les producteurs de pommes de terre de transformation est de planter des semences qui sont soit libres de PVY ou qui en contiennent des niveaux extrêmement faibles. « La première stratégie est de commencer avec des semences propres, » suggère M. Singh. « S’il n’y a pas de PVY, il n’y a pas d’inoculum qui peut propager la maladie, même si vous avez beaucoup de pucerons. »

Les producteurs qui désirent en apprendre davantage sur les MPG pour la gestion du PVY peuvent communiquer avec M. Singh en composant le (506) 459-0293 ou lui écrire à .