Par Mark Halsall

Harrison Van Meekeren est un pomiculteur de la troisième génération à Lakeville, en Nouvelle-Écosse, qui gère la culture sur la propriété de son grand-père Frank qui l’avait lui-même achetée en 1964 pour produire des légumes, des pommes et d’autres fruits qu’il vendait de porte en porte.

Aujourd’hui, la ferme de M. Van Meekeren comprend une installation animée d’emballage des pommes de même que 100 acres de pommiers qui produisent des pommes Honeycrisp, Pazazz, Ambrosia, Gala, Macintosh, Golden Delicious et Cortland qui sont commercialisées sous la marque Wink. M. Van Meekeren, 24 ans, gère les opérations des vergers de la ferme alors que son père et son oncle gèrent les autres aspects de l’entreprise.

« Ça me plaît vraiment beaucoup », a déclaré M. Van Meekeren, qui a été en mesure d’injecter de nouvelles idées dans l’exécution des opérations des vergers depuis qu’il a accepté l’emploi il y a deux ans. Il est particulièrement enthousiaste au sujet du potentiel du cocktail de plantes de couverture, une pratique introduite à la ferme au printemps 2017.

Un cocktail de plantes de couverture implique des plantes de cinq différentes familles, à savoir des céréales, des herbes, des brassicacées, des légumes et des chénopodes qui, lorsqu’elles poussent ensemble, ont démontré qu’elles augmentent la production d’humus dans le sol.

« Il y a tout un phénomène qui se produit lorsque vous plantez toutes ces variétés ensemble », a déclaré M. Van Meekeren, qui a planté un mélange de sarrasin, de ravenelle, d’herbe du Soudan, de millet perlé et de trèfle dans les traces des roues de tracteur entre les lignes de pommiers sur sa ferme.

M. Van Meekeren a observé que non seulement le cocktail de plantes de couverture augmente la matière organique du sol et permet de réduire les mauvaises herbes, mais qu’il fournit également un habitat pour la vie microbienne et les insectes bénéfiques qui permettent de réduire la pression des organismes nuisibles. Ceci a diminué le besoin de pulvériser des pesticides et a également réduit les applications d’autres produits.

« La chose la plus importante que j’ai remarquée était la présence d’un plus grand nombre de vers de terre dans le sol, le plus grand nombre d’abeilles visitant les vergers et une plus grande humidité du sol. De plus, le compactage dans les traces de roues de tracteur semblait moindre dans les traces où étaient plantées des plantes de couverture », a déclaré M. Van Meekeren. Selon M. Van Meekeren, la clé de la réussite du cocktail de plantes de couverture est de trouver le ratio exact qui permet à toutes les différentes espèces de plantes de pousser. Il a planté un cocktail de plantes de couverture au printemps et à l’automne 2017, ajustant son mélange de plantes la deuxième fois. « Cela a été une expérience d’apprentissage », a-t-il déclaré.

Cocktail de plantes de couverture

Cocktail de plantes de couverture entre les rangées de pommiers produisant des pommes Honeycrisp et Pazazz à la ferme Van Meekeren Farms. Photo : Van Meekeren Farms

M. Van Meekeren croît qu’il existe un besoin de changement de paradigme dans la façon dont l’industrie agricole au Canada conçoit le genre de biodiversité qu’un cocktail de plantes de couverture peut produire.

« Lorsque vous êtes dans la nature, vous ne verrez jamais une espèce de plantes dans une monoculture comme celles que nous avons aujourd’hui. Nous faisons de notre mieux pour imiter la nature et nous espérons que cela attirera des insectes, des champignons et des bactéries bénéfiques pour contribuer à notre gestion des organismes nuisibles de même qu’à la vie souterraine de notre sol », a-t-il déclaré. «

Ce qui détermine la santé de nos arbres est la vie de notre sol », a ajouté M. Van Meekeren. « Lorsque nous créons cette masse de biodiversité et que nous augmentons la vie de notre sol, nous réintroduisons et nous renforçons la passerelle microbienne qui permet à la plante de puiser les minéraux dont elle a besoin de manière plus efficace. »

M. Van Meekeren croît que le cocktail de plantes de couverture est conforme aux pratiques de production durables sur le plan de l’environnement dont le Conseil canadien de l’horticulture fait la promotion et qu’il soutient la réduction des émissions de dioxyde de carbone dans le cadre de son mandat de promotion de la protection de l’environnement.

Notant que l’agriculture produit une très grande quantité du dioxyde de carbone mondial, M. Van Meekeren fait remarquer que le cocktail de plantes de couverture peut aider les agriculteurs à recycler le carbone tout en produisant du dioxyde de carbone de qualité alimentaire pour leurs cultures.

« Ce que nous faisons à nouveau lorsque nous plantons des plantes de couverture, c’est réellement de prendre ce carbone dans l’atmosphère et… de le ramener dans le sol », a-t-il déclaré.

Selon M. Van Meekeren, le cocktail de plantes de couverture gagne en popularité dans des endroits comme l’Australie et certains pays européens où il peut être utilisé pour aider les agriculteurs à réclamer des crédits de carbone pour avoir augmenté la quantité de matière organique dans leur sol.

M. Van Meekeren affirme qu’il accueillerait très favorablement un tel système dans ce pays et croît que tous en bénéficieraient.

« J’espère que j’en verrai partout », a-t-il déclaré. « J’adorerais voir les agriculteurs au Canada et dans le reste du monde… commencer à utiliser des systèmes comme celui-ci pour ramener nos niveaux de dioxyde de carbone là où ils étaient auparavant. »